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Le blog du Groupement des Graphologues Conseils de France - GGCF -
22 novembre 2010

La graphologie permet-elle de tout voir dans une écriture?



Par Catherine Dutigny

Chargée de la communication au GGCF



charisme



A cette question redondante, les graphologues ont coutume de répondre que seul le degré ou niveau d’intelligence est très difficile à estimer.

La réalité est infiniment plus complexe et pose de multiples questions, qui, à elles seules, vont nécessiter plusieurs articles.

Aujourd’hui, notre approche se fera à partir d’un exemple auquel un graphologue peut être confronté. Lors d’un recrutement pour un poste de Directeur de la communication dans une grande entreprise, le responsable RH souhaite obtenir du graphologue une réponse claire, non ambiguë à la question suivante : le candidat  a-t-il du charisme ?

Si l’on se réfère aux définitions de ce terme on trouve, par extension à sa définition religieuse:
Dans le Littré : influence mystérieuse et indéniable d’une personne. « En imposer pour ne pas avoir à imposer, voilà en quoi consiste le charisme » Proust
Dans le Larousse : influence sur les foules d'une personnalité dotée d'un prestige et d'un pouvoir de séduction exceptionnels etc.

Pour le sociologue Max Weber, il s’agit : «d’une certaine qualité d'une personnalité individuelle, en vertu de laquelle il est à part indépendamment des hommes ordinaires et traité comme doté de puissances ou de qualités surnaturelles, surhumaines spécifiquement exceptionnelles. Celles-ci sont telles qu'elles ne sont pas accessibles à la personne ordinaire, mais sont considérées comme d'origine divine ou comme exemplaires, et basé sur elles l'intéressé est traité comme un leader »
Sa réflexion le conduit à définir, en politique, le « pouvoir charismatique » et nous renvoie concrètement aussi bien à Gandhi… qu’à Hitler.

Pour passer du pouvoir politique à une compétence de manager,
on est dans l’obligation de pousser plus loin la recherche et de se demander comment décomposer en éléments simples, aussi proches que possible de traits de personnalité cernables et non plus surnaturels, ce fameux charisme. La (les) réponse(s) se font via l’exploration de recommandations pour « développer son charisme » et l’on trouvera (par exemple), les conseils et principes de Jean-François Moine, consultant senior Cegos, expert en communication et management relationnel, co-auteur de plusieurs ouvrages, tels que reproduits dans le Journal du net :

Proposer un projet : "L'essentiel du charisme, c'est de savoir donner du sens, dans la double acceptation du terme : la direction et le contenu. Pour cela, il faut avoir une vision, un projet dans lequel on veut s'inscrire avec son équipe. Ce projet doit s'accorder avec la stratégie de votre entreprise mais aussi être cohérent avec votre propre personnalité. Mais dans ce domaine, l'organisation peut s'avérer plus ou moins propice au leadership. "

Apprendre à l’exprimer : "Il faut savoir formaliser son projet et le communiquer aussi bien en face à face que devant un public nombreux. Or, les managers ne savent pas bien passer d'un discours intellectuel rédigé à un discours émotionnel (…) Bref, il faut travailler cette dimension émotionnelle : manifester son implication personnelle, savoir sourire, parler avec ses mains, s'exprimer clairement (…) Lorsqu'on dit qu'il faut savoir maîtriser ses émotions, cela ne signifie pas les contenir et les empêcher. Il s'agit de savoir les utiliser."

Regarder autour de soi : "Pour évaluer son potentiel de charisme, il est toujours enrichissant de regarder comment on se comporte dans son intimité. Les questions à se poser sont simples : suis-je un leader charismatique avec mes amis ? Avec mes enfants ? Si oui, vous pouvez alors chercher à transposer dans l'univers professionnel certaines attitudes que vous adoptez sans difficulté dans le cadre privé. (…) Bref, il faut savoir être curieux, savoir s'intéresser aux autres. Ceux qui réussissent le mieux ont en général un fond humaniste. Ils croient en l'homme et ne considèrent pas les salariés seulement comme une force de travail."

Accepter la perception des autres
: "L'autre grand travail est de réussir à accepter la perception que les autres ont de soi-même. Grâce à des exercices, il est possible d'apprendre à dissocier les événements de l'opinion qu'on en a, et des émotions qu'ils procurent. (…) Le charisme se construit également dans la perception que vous pouvez avoir des détails et le niveau d'attention que vous offrez à vos collaborateurs."

Inspirer confiance : "Quelqu'un qui a du charisme sait aussi dire qu'il a des doutes, des incertitudes, des peurs, des envies, des désirs. (…) Le manager charismatique sait aussi être humain en ne s'enfermant pas dans l'image d'un chef qui prend tout sur lui. Il rassure et sait s'exposer."

Au terme de cette liste de définitions et de principes, le graphologue est en droit de se dire qu’il a franchi un pas décisif et qu’il doit rechercher dans l’écriture du candidat les éléments graphologiques, puis exploiter les syndromes qui iront dans le sens :

- d’une vision d’un projet, en prenant soin de vérifier qu’elle est en accord avec sa propre personnalité (sens éthique, motivations etc.), qu’il sait les exprimer (aptitude à communiquer en privé ou devant une assemblée large, voire les médias etc.), qu’il sait maîtriser ses émotions (sans les contenir, ni les empêcher) et les utiliser, qu’il est curieux, s’intéresse aux autres, dispose d’un fond humaniste, croie en l’homme, qu’il est attentif aux détails, et attentif à la perception des autres, qu’il rassure, inspire confiance, sait exprimer ses doutes, ses envies, ses désirs etc.

Imaginons que cette liste ait été tout d’abord validée par le client final en référence aux besoins de son entreprise, imaginons ensuite que le graphologue ait dans le matériau fourni par l’écriture suffisamment d’éléments et que ses connaissances en psychologie lui permettent de répondre par l’affirmative aux différents points précédents, peut-il quand même conclure et affirmer à son client que le candidat est « charismatique » ? Ce serait d’une prétention rare, voire malhonnête.

Tout juste peut-il s’engager à dire, et ce n’est pas rien, qu’il dispose d’un faisceau  de présomptions qui vont dans ce sens, mais également qu’il n’y a aucune certitude pour affirmer que les aptitudes décelées déboucheront, de facto, sur le profil tel que défini et validé. Le candidat peut très bien correspondre point par point et manquer de cette « personal touch », de cette « grâce » qui va faire la différence : cette dimension quasiment magique ou « divine » pour reprendre l’expression de Max Weber qui lui permettra d’avoir un pouvoir d’influence.
   
Ceci n’est qu’un exemple du « tout voir » dans l’écriture.  Il nous renvoie à la qualité et à la nécessité du dialogue avec le client final que l’analyse graphologique soit réalisée à titre personnel ou professionnel. Le graphologue doit préciser les limites de son étude et le client savoir les accepter. 



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Commentaires
J
Belle démonstration qui laisse la porte ouverte à de multiples questions sur l'objectif à atteindre, avec des réserves justifiées , je le pense.Une rigueur indispensable guide un propos prudent qui respecte le "sujet" étudié.<br /> Merci pour cet éclairage ...
C
les mots véhiculent tant d'interprétation et de <br /> projection! .Dans le dialogue professionnel , la définition des termes, la précision est essentielle .Cette approche est à poursuivre ,c'est très enrichissant .
O
la qualité et la nécessité d'un dialogue avec le client est essentielle car beaucoup de mots sont dénaturés et charisme peut simplement vouloir dire "bon manager" sans plus!<br /> merci de nous rappeler le sens précis des mots.
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