Pourquoi des éléments biographiques?
Pourquoi des éléments biographiques?
Par Catherine Marchal et par Catherine Dutigny
Graphologue Conseil Graphologue Conseil SFDG-GGCF
Maîtrise de Gestion Dauphine Licence Es Sciences Economiques (Assas)
Diplômée SFDG et GGCF Diplômée de Sciences Politiques (Eco Fi)
La personnalité étudiée à l’aide du document manuscrit doit être placée dans le contexte de l’individu.
L’écriture est un acte individuel et un acte social. Nous sommes tous conditionnés par l’époque dans laquelle nous vivons : nous n’écrivons pas de la même manière au XVIIème siècle et au XXème siècle.
L’écriture a une époque, un âge, un style, elle vieillit en même temps que nous, accuse les maladies, nos conflits, nos changements d’humeur. Nous n’avons pas la même écriture à 20 ans et à 80.
Cependant il n’est pas rare d’observer des traces juvéniles dans une écriture d’un homme mûr. Inversement, on peut être surpris de rencontrer dans l’écriture d’un jeune des signes de détachement, de retrait et de repli sur soi. A quoi peut-on attribuer des maladresses enfantines* ou bien des formes abimées, voire tremblantes? Doit-on les considérer comme négligeables ou au contraire importantes?
*(cf. les études de Julian de Ajuriaguerra, L'écriture de l'enfant, Tome 1, L'évolution de l'écriture et ses difficultés. Tome 2, La rééducation de l'écriture. En coll. avec M. Auzias édités chez Delachaux et Niestlé. Rééditions 1971, 1979, 1989)
Connaître l'âge permet d'éviter des erreurs, mais aussi et surtout, de se poser les bonnes questions.
De la même façon, le sexe ne se voit pas à coup sûr dans l’ écriture. Il y a chez tout homme une part de féminité et chez toute femme une part de masculinité. Un homme peut avoir un caractère doux et une femme un caractère autoritaire. « Lorsqu’on compare les écritures du célèbre couple Elsa Triolet et Aragon, on comprend bien que le sexe psychologique ne correspond pas forcément au sexe biologique. » Monique Genty: Archétypes jungiens et écritures déconcertantes, publié chez L'Harmattan.
Ecriture d'un homme d'environ 35 ans
Le niveau d'études est un paramètre qui permet également de situer le scripteur par rapport à la maîtrise (supposée) de l'écriture manuscrite. De longues études peuvent favoriser par l'habitude, par la fréquence de l'écrit dans le déroulement de la scolarité, une habileté et une certaine rapidité. Ces "aptitudes à l'écriture manuscrite" se seraient acquises au fil des années dans la prise de notes, la recopie de cours etc. A contrario, des études courtes, l'entrée rapide dans la vie active dans des travaux parfois manuels peuvent laisser supposer une moindre habilité dans la production de lettres et documents manuscrits. Il ne s'agit que de suppositions logiques et la réalité est parfois très différente. Il est alors intéressant de mettre en relation les deux éléments.
En outre, l'usage de plus en plus fréquent de l'ordinateur, la chute importante de la production de courriers manuscrits mais aussi, l'utilisation de nouveaux instruments moins contraignants que le stylo plume, l'apprentissage de l'écriture, moins surveillé à l'heure actuelle dans le primaire (cf. Article dans veille éducation ) changent la donne. Le graphologue doit donc faire preuve de prudence dans l'utilisation de cette information.
L'information qui consiste à savoir si le scripteur est droitier ou gaucher tend à perdre de sa pertinence comme en témoigne cet article (parmi tant d'autres), dans Le journal des instituteurs.
Cela dit, il reste vrai que certains graphothérapeutes constatent chez des gauchers que le déroulement cursif est parfois moins aisé, le sens des lettres est moins facilement respecté, que l’écriture peut être, mais pas forcément, redressée (penchée vers la gauche) et que les traits libres (barre des t, accents, ponctuation) sont souvent tracés de droite à gauche (sens qui convient mieux à leurs gestes).
Lors de l'apprentissage de
l'écriture, on peut remarquer qu'un grand nombre d'enfants gauchers
essaient d'écrire de droite à gauche en faisant des lettres en miroir, à
l'envers. C'est un mouvement naturel pour eux**. On peut donc facilement comprendre que les gauchers
puissent éprouver certaines difficultés à écrire qui se manifestent au
niveau de la liaison dans l'écriture: rythme interrompu ou ralenti,
difficulté de coordination. Dans la majorité des cas, les gauchers devenus adultes ont développé une
certaine habileté pour écrire même s'il semble selon les statistiques
que la main gauche demeure moins rapide que la droite.
Le graphologue en étant informé de la latéralité du scripteur en tiendra donc compte dans son travail d'analyse.
**cf. article de Pauline Gagnon, Présidente en 2000 de l'Association des Graphologues du Québec